C’est au contraire le meilleur moyen de se recharger. Surtout quand on fait partie, comme 30% de la population mondiale, des introvertis. Surtout avec une reprise de la vie sociale qui n’est pas sans conséquence sur le corps et sur l’esprit.
Certains comparent ce phénomène à une « gueule de bois » des introvertis, d’autres à une forme de « burn out » social : après presque deux ans de relations sociales largement ralenties par les confinements et les couvre-feux, le retour à la vraie vie peut provoquer un drôle de sensation. Il y a ceux qui se ruent en terrasses, multiplient les dîners, les réunions de travail et les fêtes gigantesques. Et puis, ceux qui éprouvent une forme de fatigue mentale en quittant un magasin bondé ou un groupe d’amis, une sorte d’épuisement sensoriel à devoir forcer la voix au sein d’un groupe ou écouter plusieurs personnes en même temps.
Normal, expliquent les spécialistes. Quand les interactions sociales se démultiplient et que les sollicitations de toutes parts reprennent, cela entraîne un afflux d’émotions fortes et surtout… énergivores : pour les gérer, le cerveau doit activer toute une mécanique et certaines zones qui ont elles aussi besoin d’énergie, explique le chercheur Christophe Haag dans son ouvrage La Contagion émotionnelle (éditions Albin Michel). Pour peu que l’on soit déjà fatigué physiquement, ce processus nécessite de nouveaux efforts… éreintants. Les fatigues psychique et émotionnelle viennent s’ajouter à la fatigue du corps. « C’est un peu comme si on était tranquillement installé sur un transat et que l’on entrait d’un coup dans une pièce dans laquelle joue un DJ, écrit Christophe Haag. Il n’y a qu’à voir ce que l’on ressent juste après avoir été agressé verbalement ou physiquement : on décompense, on ressent une fatigue très forte, on a envie de s’allonger. » Les introvertis, qui chérissent une forme de solitude et qui représentent un tiers de la population mondiale, sont sans doute ceux qui souffrent le plus de cette reprise à tout prix de la vie sociale.
“Trouver ses limites et apprendre à dire non”
Certains conseils peuvent aider à gérer la situation au quotidien.
D’abord, s’écouter : vous n’avez pas envie de sortir? Et bien, ne sortez pas – même si la société vous envoie l’injonction contraire en célébrant le cool, la sociabilité, la communauté.
Ensuite, trouver ses limites : savoir dit non, notamment, et sans devenir “négatif” trouver le bon équilibre pour ne pas (plus?) céder au oui automatique, qui fatigue énormément – et finit par créer de la culpabilité.
Enfin, s’octroyer régulièrement des pauses : de longs moments avec soi-même, pour mieux se recharger, mais aussi de petits instants de réflexion. Exemple, si un ami ou un groupe Whatsapp vous sollicite, attendez un peu avant de répondre. Posez votre téléphone, checkez votre planning ou réfléchissez quelques minutes. Bref, privilégier l’introspection au détriment de l’immédiateté et de la disponibilité à tout prix.
Parce que, finalement, être bien avec soi-même, c’est aussi être beaucoup mieux avec les autres.